Il existe une grande diversité de races de moutons rustiques. Malheureusement, leurs caractéristiques naturelles ont souvent été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et du rendement au fil du temps. Pourtant, ces animaux sont faciles à élever et souvent plus résistants que les races dites sélectionnées. L’écopâturage participe donc activement à redonner une place dans nos paysages ruraux comme urbains à ces races oubliées.
Qu’est-ce qu’une race de mouton rustique ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est utile de définir ce qu’est une race de mouton rustique et quels en sont les principaux avantages.
La définition d’un mouton rustique
Les races de moutons rustiques ont été délaissées par les éleveurs, car considérées comme moins productives en termes de rendement commercial (laine ou viande).
Pourtant, contrairement aux races sélectionnées, les races de moutons rustiques préservent des caractéristiques naturelles qui leur permettent de survivre dans des environnements difficiles. En d’autres termes, elles se débrouillent seules, s’adaptent aux conditions climatiques de leur région et demandent peu d’entretien.
Leurs avantages
Les moutons rustiques se distinguent par plusieurs atouts majeurs :
- – Résistance aux maladies : grâce à leur constitution naturelle, ils requièrent moins d’interventions vétérinaires. Par exemple, alors que le piétin – une infection du pied fréquente chez certaines races bouchères – est récurrent chez ces dernières, il se fait rare chez les races rustiques.
- – Autonomie : ces ruminants savent se nourrir de ressources naturelles, y compris de végétaux difficiles à consommer, comme les ronces. Ils peuvent se contenter d’un pâturage médiocre, limitant ainsi les besoins en compléments alimentaires.
- – Adaptabilité : certaines races de moutons rustiques ont développé une formidable résistance aux températures négatives et s’adaptent à différents environnements, de la montagne aux terrains marécageux.
- – Poids plus léger : grâce à leur poids léger, les races rustiques minimisent la détérioration des sols sensibles et favorisent le maintien de la biodiversité dans les prairies naturelles.
- – Longévité : leur espérance de vie est souvent plus élevée que celle des races dites modernes.
Existe-t-il un mouton plus rustique que les autres ?
Dans la famille des races de moutons rustiques, certaines se démarquent par leur endurance et leur capacité à survivre en autonomie quasi-totale.
Le mouton d’Ouessant
Petit par la taille, mais grand par la robustesse ! Originaire de l’île d’Ouessant, ce mouton est considéré comme l’un des plus rustiques d’Europe. Son pelage dense le protège du froid et du vent, tandis que son régime alimentaire frugal lui permet de subsister sur des terrains pauvres. On ne mentionne pas le poids dans les standards de cette race, mais la taille.
Les béliers doivent toiser moins de 50 cm et les brebis moins de 45 cm.
Autrefois menacé d’extinction à la suite de l’introduction massive de moutons continentaux et du métissage subséquent, ce mouton a pu être sauvé grâce à quelques spécimens retrouvés sur le continent.
Les moutons rustiques sans entretien
Certaines de nos tondeuses à quatre pattes s’adaptent très bien à leur environnement sans nécessiter de tonte ou de soins intensifs. Voici quelques exemples remarquables.
Le Soay
Très robuste, le mouton de Soay mesure 45 à 55 cm au garrot, en fonction du sexe. C’est la race de mouton européen la plus archaïque conservée depuis l’Âge du Bronze (2000 à 800 ans av JC) et c’est le plus proche parent du mouflon. Il broute sans problème des plantes herbacées comme ligneuses (ronces, rumex…). La tonte n’est pas nécessaire, car le mouton de Soay perd sa laine naturellement.
Le mouton du Cameroun
Le mouton du Cameroun pèse généralement entre 30 à 50 kilogrammes et mesure jusqu’à 70 centimètres. Peu exigeant, il se nourrit de diverses plantes et n’a pas besoin d’être tondu, car il ne produit pas de laine. Il est simplement doté d’un sous-poil qui tombe tout seul au printemps.
La Solognote
La Solognote est un mouton de taille moyenne, mesurant de 60 à 70 cm au garrot, originaire de Sologne qui excelle dans l’entretien des sous-bois pauvres et humides ainsi que des bords de rivière. Dotée d’une grande résistance aux maladies et aux parasites internes, elle est également réputée pour sa résistance au piétin, cette maladie infectieuse du pied.
Pourquoi est-il important de protéger les races de moutons anciennes ?
La France recense près d’une soixantaine de races ovines, dont plusieurs sont aujourd’hui considérées comme des races de conservatoire et figurent dans la liste établie par le Bureau des ressources génétiques (BRG) des races en danger.
La préservation de ces moutons anciens est importante pour plusieurs raisons :
- – Patrimoine génétique : ces moutons portent en eux des caractéristiques uniques adaptées à des environnements extrêmes.
- – Biodiversité : plus il y a de races, plus les écosystèmes sont résilients. De plus, l’écopâturage participe à la gestion naturelle des espaces, favorise le renouvellement de la végétation et aide à limiter la prolifération des espèces envahissantes.
- – Résilience agricole : en cas de crise climatique ou sanitaire, ces races pourraient être la clé d’un élevage plus durable.
- – Sauvegarde de races patrimoniales : ces races de moutons rustiques racontent aussi l’histoire d’une relation millénaire entre l’homme et l’animal. Leur préservation permet de maintenir vivantes des traditions et des pratiques d’élevage propres à chaque région.
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